Ce post ne se portera pas sur le fond des talks (et non des conférences) ni sur la forme d’ailleurs.

Ce post n’expliquera pas pourquoi on dit talks et non conférences (même si c’est traduit ainsi, là et là).

Ce post ne vous donnerait que peu sur c’est quoi TEDx justement.

Ce post existe pour livrer mes ressentis.

Ce post n’existe que pour cela.

Des ressentis presque à chaud.

Presque.

Mes ressentis presque à chaud sur TEDx Manjakamadiana qui s’est déroulé le samedi 30 août 2025 dernier, au kianja d’Andohalo, là où les kabary se déroulaient entre le pouvoir public et le peuple du temps de la monarchie avant la défaite militaire face à la république française quelques années avant les années 1900, et là où la dite république malgache fût proclamée un certain 14 d’octobre 1958.


Mes ressentis presque à chaud qui peuvent être factuellement maladroits—que je corrigerais un jour si tel serait le cas, dans l’esprit de ce blog qui se veut être un hâvre pour les écrits brutes dès fois, mais polies aussi parfois. Une écriture automatique tantôt, une autre un peu moins mais tout aussi automatique tantôt. Quelque chose comme ça.


TEDx Manjakamiadana un peu avant le début

Alors, je me lance, dans l’ordre chronologique des speakers, et par catégorie.

Engagement:

  • Ketakandriana Rafitoson: nommée speaker 0 si mon ouïe ne m’a pas fait défaut. Lé récit, en malgache, et vaillant, qui commence par son enfance à jouer avec son frère dans la cour du Rova de Manjakamiadana m’a particulièrement marqué. Puis le feu 🔥 qui a dévasté bien plus que la matière palpable. Une sorte d’origin story émouvante, éclairante, inspirante.
  • Mialisoa Randriamampianina: son talk m’a le plus marqué, j’ai toujours vu les reines du 19e siècle malgache d’un oeil assez partial pour mesurer mes mots, mais son talk fût comme une étincelle. Après Gwyn Campbell qui était bien à fond pour que l’on—la jeunesse surtout—revoit Ranavalona I sous un angle plus… disons plus solaire et moins ténébreux histoire de ne pas reprendre ses propres mots, le talk de Mialisoa fût l’étincelle de trop pour que je succombe à cela. Car je me suis alors dit: ma foi, pourquoi pas? Et elle incarnait si bien son talk, avec une révélation, soudain, qui ne peut ne pas me toucher—et profondément. Sinon, je la lis depuis quand même pas mal de temps. Depuis l’époque du service de blogging Haut et Fort que vous ne connaissez probablement pas. On était trois à blogguer sur Haut et Fort à l’époque: elle, sous alias (que je ne révèlerais pas), Randy Donny qui blogue désormais ici car, si je ne dis pas des bêtises il a perdu accès à son endurant blog, et moi, sous alias aussi (que je pourrais révéler mais bon, à quoi bon). Ah oui, Gwyn Campbell, c’était le 3 juin 2025, lors de la Colloque “Madagascar: 1300 d’histoires économiques à découvrir autrement” au Café des Arts à Antaninarenina.
  • Valimabavaka Raherimananjara: une heure avant qu’elle ne monte sur scène, je l’ai aperçu s’asseoir toute seule sur un banc (qui était en bon état jadis) à marmonner en silence une litanie que je ne pouvais déceler de là où j’étais. Sans doute répétait-elle, me diriez-vous. Sans doute, mais j’aime bien imaginer autre chose, voyez-vous. Elle était montée sur scène avec sa valiha. Elle a joué un morceau. On a applaudi. Puis elle a parlé des enfants qui dorment dans les rues, au vu et au su de tous. Ce qui m’a fait pensé du coup au bon samaritain du Nouveau Testament raconté par Wilson Fisk dans son avant-dernière scène, dans le dernier épisode de Daredevil, la saison épisode. Je vous laisse cette vidéo, c’est en anglais, tout comme son talk: (lien)
  • To Ranaivoharijao: sur les écrans géants de part et d’autre de la scène, un mot “Tolona”. Je me pus m’empêcher de me dire que peut-être Tolona (qui veut dire: lutte) serait un mot-valise comprennant To (son prénom à lui, qui veut dire: conforme au vrai) et Olona (qui veut dire: humains).
  • Tinawati Soesianto: elle parlé de trois choses, ce qui m’a le plus marqué, c’est une d’elle, la fondation. Elle a montré une photo d’une maison en cours de construction avec une bonne fondation et une mauvaise fondation. Ca m’a marqué. Elle a aussi parlé de sa mère au tout début, de ce petit trou dans ce gros rocher qu’à la longue la petite goutte d’eau a percé. Ca m’a aussi marqué.

Science et Nature:

  • Dr Christian Ratompoarison: il a parlé d’insectes. On connait tous les insectes. Mais lui, il a parlé d’insectes à manger, à cultiver (ou bien à élever?) comme solution pour la faim à Madagascar. Ca m’a amusé. Et ça m’a aussi ouvert les yeux sur le bien fondé de tout cela, que ce n’est pas juste une mode venu des pays qui cherchent des problèmes là où il y en a et qui apportent des solutions qui ne correspondent pas. Manger des insectes pourrait bien être une clé, ça me titille. Et de plus en plus.
  • Riantsoa Randrianantenaina: sur la photo officielle, il porte des lunettes, lors de son talk, il n’en portait pas et il m’avait l’air différent. J’étaits obnubilé par cela. J’ai retenu sustainability. Et il a parlé de cela bien et loquacement. Je me suis demandé pourquoi en français sustainability c’est pas juste traduit sustainabilité. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? Le malgache ne devrait pas en prendre de la graine—et pourtant.
  • Stem4Good: elles étaient deux sur scène, Maria et Santa, jouant une sorte de pièce captivante entre la metor et sa mentee. Les rôles pouvant s’inverser, la mentor se devant d’avoir un côté mentee, et le mentee un côté mentor. Energique et inspirante, elles étaient les plus jeunes ce jour-là. J’ai particulièrement bondi de joie intérieurement en voyant tous ces dictionnaires ouverts sur l’écran géant.
  • Dr Herimampita Rarivomanantsoa: il a parlé intelligence articielle, il a parlé éthique, bioéthique plus précisémment. Il a parlé de nos données personnelles dans le numérique, dans les bits. Il a parlé de tout ça, et bien plus encore. Je me suis dit que tout ça c’est si important et il me semble bien être le seul à en parler. Heureusement qu’il en parle. Et quelque chose me dit qu’il n’en a pas fini d’en parler, et ça tombe bien, on en a tellement besoin. Une technologie donnée se doit d’être discutée—et profondément. Sinon… Eh bien, à Madagascar, voyez autour de vous ce que ça donne quand on n’en discute que superficiellement—et encore.
  • Pr Jonah Ratsimbazafy: je me suis laissé emporté par son kabary—son harangue. Je me suis dit que les harangues des MDRM devraient ressembler à cela. Il a fait son talk en malgache. Et il a fait son talk bien à la malgache qui harangue les foules. Et il a bien harangué la foule avec son drapeau malgache 🇲🇬 en guise de lamba et sa verve à la prédicateur. Je me suis dit que les jeunes devraient en prendre de la graine sur comment raviver le feu intérieur des Malgaches (non, je ne veux pas dire Malagasy, j’ai jamais été dans le politiquement correct).

Arts et Résistance:

  • Michèle Rakotoson: toujours égale à elle-même. Elle a commencé avec le kabeso du roi sakalava Toera en rendant hommage au travail immense et remarquable de Klara Boyer-Rossol étalé sur 17 ans. Un travail qui a porté ses fruits. Kabeso, c’est un terme qui veut dire mais seulement sur la personne de la royauté. Ce qui me rappelle la grammaire coréenne qui incorpore les honoriques. Les honorifiques, disons que c’est sorte de niveaux de politesse dans la façon de parler, du choix des mots et du verbe. Pour revenir à son talk, elle l’a fait en malgache et en français, et j’ai surtout retenu: Transmission. Un concept qui fait cruellement défaut à cette société-ci, me suis-je dit, et ceci—sans aucun doute—expliquant cela.
  • Mose Njo: bon, ça c’est moi. Ce fût un moment particulier. Et ce ne fût pas du tout facile. J’ai parlé publiquement, et pour la première fois, de choses qui se passent dans ma tête, de comment je ne pense pas comme… disons, pas comme tout le monde, de comment ce n’est pas si anormal que cela, de comment on gagnerait—en tant que société, donc collectivement—à considérer, à reconsidérer comment on se comporte avec les personnes dites différentes, comme les créatifs, introvertis, ou les aspies ou les gens qui vivent avec l’aphantasie, pour ne citer que. On gagnerait tellement à faire cela, et Dieu sait que cette société-ci est en perdition car faisant tout le contraire. Voilà. J’en parlerais peut-être un peu plus prochainement, ou un jour, qui sait.
  • Harnelle Rakotobe: dans ma tête j’étais encore en mode talk. Mais j’ai quand même retenu une histoire familiale qu’elle a partagé, victime d’un dit capitalisme sans âme ni humanité. J’ai retenu cela. Et j’ai retenu son engagement. Et je me suis dit que tout ça, ça ranime et sa ravive quand même la flamme 🔥 de l’espoir qui peinerait en nous.

Voilà.


Encore une fois, un post écrit presque d’une traite. Je traiterais les éventuelles coquilles plus tard, ou juste après, qui sait.


C’est un honneur d’avoir partcipé à ce TEDx Manjakamiadana, et c’est un honneur d’avoir partagé la scène avec autant de belles idées qui méritent tellement d’être partagées.

De belles idées qui méritent tellement d’être partagées.

Encore et encore et encore et encore.

Ah oui, juste après la fin des talks, juste après qu’Imiangaly a chanté Nosy Tanindrazako de Ludger Andrianjaka, au beau milieu de sa deuxième chanson, les gens ont crié de joie. Le premier but de l’équipe nationale de football de Madagascar (nommé assez récemment Barea).

Une émotion particulière, une sorte de cerise 🍒 sur la gâteau après tant d’idées.


PS: avez-vous remarqué que l’équipe de football de France (mais pas que), on ne les appelle pas par un nom d’animal?—Ils disent juste: “Allez la France!”, je me dis toujours que “Alefa Madagasikara!” c’est mieux que “Alefa Barea!”, mais qu’est-ce que j’en sais du foot, moi.